La cimaise et la fraction

04.2015, Urgent Paradise, Lausanne




Pour cette proposition à Urgent Paradise, Le Collectif P4 propose au spectateur une vue aérienne de l’exposition. En partant d’une échelle habituellement utilisée dans la réalisation de maquette, les artistes ont été invités à réaliser une intervention in situ dans cet espace à la fois virtuel par son échelle mais pourtant bien réel. Le dispositif d’exposition devient une représentation à la fois partielle et complète, d’un système dialectique entre la notion d’exposition réalisée - finie - et en projet - en cours. La déambulation du spectateur au sein même de la maquette le place dans le même lieu que les oeuvres présentées, il est à la fois au-dessus et dans l’oeuvre qui est elle-même à la fois espace et objet. Les travaux des artistes entrent en résonance face au spectateur mais également face à l’ambivalence que l’espace propose.


1.
Benoit Billotte
Dazzle vs Emmerich
Papier, poussière de béton
Dimensions variables
2015

Le projet réalisé pour l’espace Urgent Paradise et le display inventé par le collectif P4, jouent sur le rapport du modèle réduit et du module. Issus des plans de l’architecte David Georges Emmerich, les pliages papier reprennent la forme du dôme d’exposition en carton qu’il a inventé et notamment présenté au Salon de l’Emballage à Paris en 1968. Sur ces coupoles est aussi appliquée une matière à base de poussière et de ciment qui s’inspirent des théories de camouflage nommées Dazzle. Par cette rencontre de deux inventions qui cherchent à la fois à exposer et dissimuler, Dazzle vs Emmerich est une structure modulable qui peut se répéter et investir l’espace d’exposition à l’infini.

2.
Marjorie Kapelusz
Structure Spéculaire
Plexiglas et attaches plastiques
25 x 25cm et 50 x 25cm.
2015

Structure Spéculaire est une systématique modulaire d’élément en plexiglas assemblés sur mesure par des attaches imprimées en 3D. Ici, les dimensions sont définies par le dispositif proposé par le Collectif P4. La surface transparente inscrit une dialectique intérieur / extérieur et limité / illimité. La cimaise du Collectif P4 disparaît par transparence et ne laisse que sa présence - à la manière de celle dont parle George Didi-Huberman dans son ouvrage Ce que l’on voit, ce qui nous regarde.

3.
Delphine Renault
FOMEC
Adhésifs et miroir
25 x 311cm
2015

« De nos jours, les écoles militaires enseignent aux jeunes soldats « le dispositif FOMEC », chaque fantassin doit se fondre dans le paysage en tenant compte de la forme, de l’ombre, du mouvement, de l’éclat et des couleurs » - Frederic Thiery, Guerres mondiales et conflits contemporains, 2007

4.
Géraldine Singy
Luttowic Muvicdzyic
Mousse florale
Dimensions variables
2015

« L’homme, cet être dénaturé, sans instinct, ne peut contempler la nature que lorsqu’il l’a rendue habitable et donc cultivée, dénaturée, « contournée à sa mode » en « campagne riante » car, dans les endroits où les hommes peuvent vivre, elle n’est souvent que du mauvais pays, de la broussaille, du terrain vague. Ce n’est en général que dans des endroits rares et inaccessibles à l’homme qu’elle cache « ces lieux si peu connus et si dignes d’être admirés... La nature semble vouloir dérober aux yeux des hommes ses vrais attraits auxquels ils sont trop peu sensibles, et qu’ils défigurent... Ceux qui l’aiment et ne peuvent l’aller chercher si loin sont réduits à lui faire violence, à la forcer en quelques sorte à venir habiter avec eux, et tout cela ne peut se faire sans un peu d’illusion » J.J. Rousseau – extrait de La nouvelle Héloïse.































Le titre de l’exposition « La cimaise et la fraction » fait référence au titre de la fable « La cigale et la fourmi » sur laquelle l’écrivain Raymond Queneau a appliqué la règle oulipienne de S+7.

C’est en partant de cette démarche que, parallèlement à l’exposition, quatre podcasts ont été enregistrés en collaboration avec les artistes invités et les membres d‘ Urgent Paradise pour le projet radiophonique UnperfectRadio.
L’espace d ́Urgent Paradise utilisé par chaque artiste a été converti en temps. Il a ensuite été fractionné en quatre emissions lors desquelles sont diffusé des extraits d’entretiens et de textes. Chaque enregistrement a ensuite été étiré ou contracté de manière à respecter le résultat de la conversion. L’espace non-utilisé par les artistes a également été converti et a été confié au musicien biennois Adrien Guerne. Ayant comme contrainte de respecter la durée déterminée par l’espace, il a construit ses improvisations de manière à ce que la fin de chaque morceau soit identique à son début afin de créer une boucle.

Le résultat prend la forme de quatre émissions fragmentées entre lectures, musique et archives d'entretiens.